PME-ART
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Montréal, le 3 juillet 2018
Objet : Appel à toute la communauté artistique
Chèr.e.s collègues,
En tant que travailleurs culturels ayant œuvré à Montréal, à Québec et en régions, nous avons souvent lutté pour mettre de l’avant des créations originales et percutantes, reflet d’une société ouverte et inclusive. Aussi, nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt les protestations entourant la diffusion de Slāv de Ex Machina, au TNM, dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal.
Les manifestations qui ont eu lieu en juin-juillet 2018 ont cherché, selon nous, à amener un changement réel et nécessaire dans la culture québécoise. Les manifestants ont offert des outils d’analyse efficaces pour se faire une tête sur ce projet artistique, de déceler le racisme en art (quand il en est) et les moyens d’y remédier, de corriger le tir. Nous ne pourrions mieux dire que ceux et celles qui ont soulevé ces questions; voici d’excellents textes qui devraient nous éclairer encore longtemps :
Urbania, Marilou Craft
https://urbania.ca/article/quest-ce-qui-cloche-avec-le-prochain-spectacle-de-betty-bonifassi/
https://urbania.ca/article/slav-bilan-de-marilou-craft/
Médium, Trois descendantes d’esclaves au show de Slāv
https://medium.com/tabloid/trois-descendantes-desclave-au-show-de-slav-983169ce426d
Quelle ne fut pas notre stupeur de voir que les premiers articles publiés dans des médias francophones, rapportant la manifestation devant le TNM, tenaient parfois du règlement de compte et criaient haro sur les messagers plutôt que mettre en valeur les contenus proposés par ceux-ci (alors que The Gazette donnait un autre son de cloche, très juste et posé). Heureusement, des articles subséquents dans La Presse et Le Devoir ont démontré notre capacité d’ouverture dans un débat sur un sujet jugé «difficile».
Le Devoir, Chronique de Fabrice Vil, «SLĀV»
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/531358/slav
Le Devoir, Idée: opinion de Webster, Le problème avec SLĀV
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/531393/le-probleme-avec-slav
Le Devoir, La chronique d'Odile Tremblay : «Le grincement des chaînes»
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/531412/le-grincement-des-chaines
Le Devoir, Comment parler de l'esclavage
https://www.ledevoir.com/culture/531473/comment-parler-ici-de-l-esclavage
Etc.
Aussi, nous joignons notre voix sans réserve aux demandes de la pétition qui suit :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSd7L0DB4ymb6vJ1Uz9DA_Utd0vf5NX9H64eb0jYj2E34KGTog/viewform
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSdK2rgBhNjQSQy8LWtu7y9ClVGl_XFsv57A8FNIqZzuPjvHeg/viewform
Nous demandons aux organismes culturels et artistiques, impliqués ou non dans ce débat, et surtout au Conseils des arts du Canada, au Conseil des arts et des lettres du Québec, au CAM (Montréal) et au Service de la culture (Québec), à Patrimoine canadien et au Ministère du Tourisme, etc. de soutenir l’équité des différentes voix artistiques du Québec, tout en s’assurant du dynamisme des institutions qui devraient inclure des dirigeants et des artistes de diverses cultures, notamment des peuples autochtones, et en offrant un réel appui aux démarches émergentes talentueuses. Une démarche d’appropriation culturelle ne devrait être bénéfique en aucun cas à ceux et celles qui exercent un abus de pouvoir. La démographie du Québec change et la population de Montréal née à l’extérieur du pays ou de parents nés à l’extérieur est en progression constante. Cela commande une ouverture et une représentativité immédiate et profonde.
On a parfois mis en opposition la représentativité de l’ensemble des régions du Québec et le besoin de promouvoir la diversité culturelle, qui par ailleurs devrait être présente dans nos médias, nos programmations, partout. Nous connaissons suffisamment les régions du Québec pour savoir que ces populations et ces artistes (notamment autochtones) souffrent tout autant de la centralisation des institutions à Montréal et à Québec. Certaines de ces institutions sont financées généreusement malgré des années de productions artistiques parfois mièvres, peu enlevantes, pour un public qui se renouvelle peu, alors que des organismes et des artistes dynamiques peinent à survivre. Quand on pense entre autres au talent prodigieux de la communauté afroquébécoise qui ne cesse de se manifester dans toutes les disciplines artistiques mais qui manque cruellement de ressources, on ne peut que se décourager du développement artistique du Québec et pleurer de voir de si nombreuses énergies créatives gaspillées en pure perte. Remercions mille fois la communauté noire montréalaise d’avoir sonné l’alarme avant que la situation ne s’envenime d’avantage.
Ainsi, en plus d’appeler nos collègues à plus d’ouverture et de dialogue interculturels, nous exigeons un changement immédiat dans le financement des arts et de la culture au Québec et au Canada avec l’ajout de critères efficaces favorisant la diversité culturelle et le dynamisme artistique.
Sylvie Lachance
Codirectrice artistique
Exdirectrice du MAI (2001-2006)
Exdirectrice artistique de Les 20 jours du théâtre à risque (1990-1998)
Jacob Wren
Auteur, artiste et codirecteur artistique
Richard Ducharme
Codirecteur administratif
Exdirecteur administratif de Les 20 jours du théâtre à risque (1990-1998)
Et des membres du C.A. de PME-ART : Yves Sheriff, Robin Simpson et Fabien Marcil.
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