August 20, 2021

Quelques passages de Un sentiment d’authenticité : ma vie avec PME-ART (Traduit de l'anglais par Daniel Canty)

Quelques passages de Un sentiment d’authenticité : ma vie avec PME-ART (Traduit de l'anglais par Daniel Canty):


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« Il n’y a pas de solutions individuelles aux problèmes collectifs. Cependant, ce sont des individus qui doivent se réunir pour déterminer ce qu’ils vont faire. La question du leadership reste sous-entendue et rôde au milieu de tout ça. L’anarchiste en moi croit sincèrement qu’un leadership rotatif est une solution : les gens prennent tour à tour les rênes selon leur plus grande compétence, leur intérêt ou leur désir. Une autre idée collaborative semblable : la meilleure idée gagne. Mais l’art est tellement subjectif et, pour cinq personnes différentes, cinq idées différentes peuvent sembler la meilleure. Je pense depuis toujours que, si un membre du groupe est fortement convaincu qu’on devrait faire quelque chose, on devrait le faire, la force de son désir ne devrait pas être diluée ou décapée par l’entropie démocratique du groupe. Je veux que les projets soient assez ouverts pour accueillir les impulsions les plus puissantes de chacun des participants. C’est mon idéal et, comme c’est le cas pour tous les idéaux, il s’agit d’un objectif que je peine souvent à atteindre. Peut-être que cet idéal n’est pas le plus approprié dans toutes les situations de collaboration. En un sens, ce n’est qu’une autre façon de dire que je veux travailler d’une manière profondément collaborative tout en garantissant que nos différences artistiques les plus intenses demeurent plus vivantes que jamais. »


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« J’allais au théâtre, et ce que j’y voyais éveillait mes désirs, ou incarnait surtout leur opposé frustrant. Dans le théâtre conventionnel, il y avait des costumes, des personnages, du jeu, une narration écrite, de la musique enregistrée, des artifices. Je voulais plutôt voir des gens porter leurs vêtements normaux, être eux-mêmes, marcher sur la corde raide entre structure et spontanéité. Je voulais entendre de la musique qu’on aimait sur des vinyles, sur des CD ou interprétée sur des instruments, tout ce qui pourrait nous amener un petit peu plus près de l’authenticité ou de la réalité. Il y avait une sorte de théâtre qui existait déjà et une sorte de théâtre qui n’existait pas encore, et qui n’existerait peut-être jamais, et je savais quel était mon bord. »


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« Je dis souvent que je ne me reconnais pas dans les gens qui font de l’art, de la performance ou de la littérature, mais que je me reconnais dans ceux qui font de l’art, de la performance et de la littérature, et qui toutes les quinze secondes pensent tout lâcher. Ce sont les miens. Je nous vois comme la bande de ceux-qui-crient-au-loup, qui annoncent constamment qu’ils lâchent tout sans jamais le faire, et que donc plus personne ne croit. Il me semble que quiconque travaille dans les arts aujourd’hui et n’entretient pas de doutes sérieux et lancinants sur la validité ou l’efficacité de la situation n’affronte pas avec lucidité tous les problèmes et questions actuels. »


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« Pas tellement maintenant, mais certainement au début de notre relation, Sylvie parlait parfois du pouvoir que confère la position d’opposition officielle en théâtre ou en art. Que l’opposition officielle est parfois capable de contribuer davantage à changer les choses, le discours, les politiques et les actions concrètes, que ceux qui sont au pouvoir. L’opposition officielle a le loisir d’aller aussi loin qu’elle le veut, d’agir par principe, et, si ses représentants le font avec constance, ils peuvent faire advenir le changement. »


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[The original English version of these quotes can be found here.]


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